20 000 kms en Tricycle couché n° 9 septies
Posté par LPBSM le 7 octobre 2014
Bonjour,
Le drapeau ci-dessus est celui de la province autonome du Badakhshan (GBAO sous l’empire soviétique) :
Laurent aborde actuellement une région occupée par des pamirii de langue Chougnane (une douzaine, qui change suivant la vallée où l’on se trouve) et de confession Ismaélienne (les lieux de cultes ne se remarquent en général que par les cornes d’Ibex qui les ornent … petit jeu de mot pour les locuteurs parlant l’anglais, « horn » en anglais voulant dire « corne » ) .
Mais que sont exactement les Ibex, allez-vous me dire : Ce sont (pour les mâles) des bouquetins ; donc des chèvres, des caprins :
Mais on voit, au milieu du lieu de culte ismaélien, sur le sommet de la porte principale, une paire de corne différente ? … Bonne question, car il s’agit des cornes d’un Argali dit mouflon de Marco Polo (*) qui est un ovin différent du mouton commun (54 chromosomes) alors que l’Argali en a 56 .
(*) Marco Polo n’a pas été le premier découvreur de la Chine, mais étant vénitien, il fut capturé par les génois (la république de Venise étant en compétition avec celle de Gênes sur le plan commercial) ; comme c’était de plus un excellent conteur mais un piètre rédacteur, il a bénéficié de l’amitié d’un pisan : Rustichello de Pise, rencontré en prison, pour rédiger son « Livre des Merveilles » où est raconté ce qu’il a vu à la cour de Kubilai Khan, l’empereur mongole .
Ce récit permettra moins de cent ans plus tard à un cosmographe vénitien, Fra Mauro, de réaliser une carte du monde pour le roi du Portugal et pour la république de Venise .
carte du « monde » de Fra Mauro réalisée en 1459
Vous allez, sans doute, mieux comprendre cette longue introduction avec les images suivantes :
Ca y est ; vous êtes comme par magie sur la grande dalle des pétroglyphes de Langar qui vous indique que l’ibex était déjà chassé avec des arcs, mais également avec des chiens, au VIème-Vème siècle avant J.C. .
La comparaison entre ces deux glyphes représentant chacun un cavalier est évidente dans l’évolution du dessin . Certains de ces dessins pourraient avoir été réalisés entre 2000 et 1000 avant J.C. .
Ici, les chevaux sont « remplis », si j’ose ainsi dire ; mais regardez plus précisément sur la deuxième image à gauche ; il y a un drôle de bonhomme à un seul pied . D’après les experts ce serait un dieu totem ; forme que l’on retrouve souvent et déclinée .
Langar, malgré son altitude de 2900 m., n’échappe pas au saccage et au vandalisme :
Le russe, le chinois, l’arabe et très certainement quelques langues européennes, sont ajoutés à ce qui devrait être considéré comme une dégradation patrimoniale .
Le site dans la moitié de son envergure
Pour autant, tout le monde n’est pas sensible à l’archéologie ou à l’histoire de l’effort des « humains » pour se civiliser . Voici, une réponse que Laurent CLAUDEL a l’honnêteté de me faire sur les commentaires de http://onechai.fr/2014/10/tadjikistan-premieres-impressions-dun-voyage-au-kiffistan/, puisqu’il vient de passer à Langar : « Non, je ne suis pas allé voir les pétroglyphes à Langar. Ils sont certainement très intéressants d’un point de vue historique, mais plusieurs voyageurs m’ont dit avoir trouvé les dessins très grossiers, un peu comme des dessins d’enfants. J’imagine que les spécialistes vont être proches de hurler à la lecture de cette réponse, mais j’avoue avoir préféré me balader autour de Langar et plutôt profiter de la vue depuis les hauteurs, une des plus belles de la région avec les vallées du Pamir et de Wakhan qui se rejoignent ici. »
Il est tout à fait vrai que pour vraiment comprendre l’importance de l’archéologie et de la défense du patrimoine, un minimum d’éducation dans le domaine est nécessaire et que lorsqu’on ne dispose pas des codes permettant de déchiffrer, par exemple des hiéroglyphes, on ne peut y voir que des petits dessins en passant à côté du langage induit et de la représentativité de la pensée de toute une culture .
A quoi donc peut servir de voir quelque chose dont on ne peut rien comprendre … ?
C’était, en d’autres termes, le message de Laurent CLAUDEL (désolé d’être obligé de spécifier à chaque fois le nom des deux Laurent, mais la confusion maintenant est devenue difficile à gérer) .
Laurent CLAUDEL me pousse donc à justifier l’importance de ces petits dessins enfantins .
Sur cette image, provenant d’un site russe, (http://www.international.icomos.org/world_heritage/TS_CentralAsia_20111220.pdf) vous pouvez voir plusieurs chariots tirés par deux chevaux mais représentés en géométrie plane (je vous rappelle que la géométrie en trois dimensions d’Euclide date du IIIème-IVème siècle) et que même si ces pétroglyphes, plus élaborés que les autres (les chevaux sont « remplis » et les hommes sont représentés avec tous leurs membres ; ce qui ferait penser à une période datant plus après le VIéme siècle … ?), sont plus tardifs que des dessins plus primitifs élaborés sur les même sites, vous voyez les roues représentées de chaque côté du char ; le conducteur est mis en dessous car il est difficile, sans surcharger le dessin, de le représenter sur le plancher .
Si jamais quelques esprits contestataires (ceux qu’en général j’apprécie car ils sont souvent dénonciateurs de contradictions non perçues par celui qui rédige) avaient envie de s’exprimer sur ce sujet, ils pourraient aisément le faire sur les « commentaires » qui sont libres d’accès sans la moindre contrainte et théoriquement « sans le moindre cookie », même si je ne maîtrise pas tous les paramètres de « unblog » et que je ne me lis pas fréquemment mes articles sur un autre ordinateur autre que celui où je compose le texte .
Une autre difficulté se présente à ces « artistes » d’il y a 3500 ans : représenter un joueur de Robab (rubab, robab ou rabab, et en Tadjik : рубоб), instrument d’Asie-Centrale traditionnel :
Puisque je vous délivre le code, vous pouvez accéder à l’information ; mais sans ce code, vous passez à côté de la plaque, si j’ose faire référence à Langar … et confondre aisément avec
En septembre 2011, René CAGNAT est à Langar et fait la « grimpade » jusqu’à la dalle :
« le site – une immense dalle à flanc de falaise – est superbe, vertigineusement accroché au-dessus du Wakhan. Mais les dessins eux-mêmes sont décevants beaucoup moins variés que ceux du Kyrgyzstan et, souvent, irrémédiablement gâchés par les graffiti de nos brillants contemporains… La grimpade en tout cas, suante à souhait, vaut le détour » .
http://www.rene-cagnat.com/docs/pamir_2011.pdf
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Nous allons quitter les pétroglyphes de Langar pour prendre la route vers Alishur où Laurent est arrivé, il y a trois jours maintenant (nous sommes le 7 octobre au matin quand je rédige cet article) .
« Magasin traditionnel à Alishur » (4 oct 2014)
Alichur le village
Ak-kalpak à Alichur … (chapeaux de feutre blanc aux motifs brodés) .
Une mosquée d’Alichur et les panneaux solaires
Ici, c’est un endroit commun où tout le monde se rencontre ; prière de nettoyer avec un seau d’eau après chaque usage .
Sans oublier le « célèbre » pont d’Alichur … ici encore visible le 13 juin 2013 (http://www.travbuddy.com/travel-blogs/109399/Pamir-Highway-begins-4) ; mais depuis, il semble que beaucoup d’eau soit passée sous le pont et même au-dessus (voir les dires de Laurent HOUSSIN, en oct 2014, dans les commentaires ci-dessous …)
Certains ponts ont tendance à s’emporter plus que les autres … surtout quand la rivière se fâche ; ils ne supportent pas !
Plus nous allons nous rapprocher de la frontière chinoise, plus les visages deviendront mongole ou chinois .
Mais Laurent vit à son rythme, qui est celui imposé par les contraintes du voyage, et j’ai quelques fois du mal à le rattraper . Il est déjà à Och .
Aujourd’hui, grâce à Laurent CLAUDEL de « One Chaï » (http://onechai.fr/2014/10/tadjikistan-premieres-impressions-dun-voyage-au-kiffistan/), je sais pourquoi, le rythme de suivi était différent . Laurent HOUSSIN, avait laissé son tricycle à Bishkek et avait réussi à réserver un autre moyen de transport, qui sont assez rares dans ce genre de région, car les amortisseurs souffrent particulièrement . Au vu de l’état de son pied, à ce moment précis du voyage, on peut parfaitement comprendre qu’il ait joint l’inextinguible envie de savoir au désagréable .
« Repas du midi : sonem ! Pâtes fraîches légumes et viande sautée légèrement épicée ! » (6 oct 2014)
Quelle différence y-a-t-il entre un « Sonem » et un « Laghman » ?
Laghman : Pâtes fraîches, légumes et viande sautée légèrement épicée …
C’est probablement dans la frustration la plus absolue que je vais clore cet article, sans avoir obtenu de réponse, tout en étant également frustré de ne rien avoir vu de Murgab, de l’Hindi Kush et du Mir Samir (sommet qui ne fait que 6000 mètres) .
Mais cela peut se rattraper dans un petit additif ;
Il y a dans les « commentaires » (ci-dessous), un commentaire de Laurent avec des images arrivées mercredi 8 oct 2014, et une URL avec des commentaires plus étoffés de Laurent sur chaque photo .
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A bientôt donc .
J.M. MARTIN pour Tricycles Rennais
P.S. : Pour plus d’informations sur les pétroglyphes :
http://www.elamit.net/yaghnob/yaghnob_petroglyphs.pdf
Pour certaines images sur Alichur :
http://yolistan.over-blog.com/6-categorie-12174789.html
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Ma frustration sur Murgab s’estompe petit à petit, car maintenant je dispose de deux sources sur ce lieu, à pratiquement une semaine d’interval . Laurent HOUSSIN avec un commentaire conséquent et daté :
« Vieux Kirghizes en train de se reposer. Si la ville de Murghab est au Tadjikistan, elle est pourtant peuplée à 70 % de Kirghizes. Outre leurs traits asiatiques qui diffèrent des Tadjiks, on les reconnait facilement grâce à leurs chapeaux de feutre blanc, ak-kalpak aux motifs brodés. 3 septembre 2014. »
Et Laurent CLAUDEL,
Un super article tout en finesse … http://onechai.fr/2014/10/tadjikistan-premieres-impressions-dun-voyage-au-kiffistan/
daté également .
Pour les autres blogs :
En résumé, à part le fait d’être la première bourgade offrant la possibilité de se ravitailler, Murghab n’offre aucun intérêt touristique sinon celui d’être une sorte de caravansérail permettant de se restaurer et de s’approvisionner pour ceux qui remontent vers le nord et pour ceux qui vont aborder les routes du Sud-Ouest .
Allez juste jeter un coup d’oeil sur : http://www.stephenlioy.com/Archive/Central-Asia/Tajikistan/Wakhan-Corridor/Vrang/i-TsKPzjn/A, sur https://www.flickr.com/photos/sekitar/10102231224/in/photostream/lightbox/ sur http://galyagorshenina.livejournal.com/36908.html « juste pour le plaisir des yeux » comme disent les tunisiens et sur http://www.t3d.fr/tadjikistan.html pour une autre vision du voyage .
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Nous sommes aujourd’hui le mardi 14 septembre 2014, et je commence à avoir quelques inquiétudes sur la véritable et entière « réparation » du pied droit de Laurent HOUSSIN ; il devrait se retrouver à Bishkek pour reprendre « le vaisseau à voile des steppes » afin d’arriver à Kashgar (en Chine) .
La route qui « descend » de Bishkek à Osh, jusqu’à Sary-Tash fait 190 kms . Sur la carte ci-dessus vous voyez une autre route pouvant aller (semble-t-il) plus directement à Kashgar … mais, nous sommes dans un pays de montagnes où les aléas du temps font qu’une route peut devenir impraticable d’un jour sur l’autre . Seuls, ceux qui sont sur le terrain, sont à même d’apprécier les possibilités offertes au jour le jour .
Pour ne pas terminer sur des pensées négatives, voici quelques images de l’Hindu-Kush et plus particulièrement du Mir Samir qui est reconnaissable entre tous :
Si vous avez besoin d’un peu d’air pour retrouver les fondamentaux de l’existence que nous font oublier les villes modernes et la gestion « inhumaine » des grands nombres, surfant sur la vague des illusions nécessaires à une vie de plus en plus concentrationnaire, le Tadjikistan et le Kyrgyzstan sont des pays accessibles quatre mois dans l’année . A vous de choisir la bonne période en fonction de savants calculs sur la prévision du temps (je n’ai malheureusement aucun conseil à donner sur cet état de chose, n’étant pas « voyant » … juste un peu prévoyant) .
J’espère que le prochain article se fera sur la Chine qui comporte, au bas-mot, 5000 kms d’Ouest en Est .
En attendant, un petit additif sur des images sublimes de ces lieux qu’il faut visiter comme le dit Laurent CLAUDEL sur « One Chaï » :
Sur la vallée de Bartang
« avant de s’occuper de la viande. Pour une fois ça ne sera ni mouton, ni boeuf, mais de l´ours. Issu du braconnage, car protégé officiellement par les autorités, de temps en temps un kirghize revient au village avec une bête et la viande vendue meilleur marché finit en quelques instants dans les marmites de tout le quartier. »
« La soupe aura un goût savoureux et la viande d´ours est fondante après sa cuisson de plusieurs heures. »
Extrait de : http://yolistan.over-blog.com/6-categorie-12174789.html
Jeudi 16 octobre 2014 :
N’ayant aucune nouvelle de Laurent HOUSSIN à ce jour, et en références aux images fournies ci-dessus, je vais vous faire prendre conscience que le « tourisme » n’a pas que de bons côtés .
Déjà, sur la plaque des pétroglyphes de Langar nous avions pu observer que certains « petits coqs » incultes avaient eu l’idée de graver leur nom avec celui de la petite amie du jour ; mais même si je ne souhaitais pas vous fournir, au début de la rédaction de cet article, ces images semeuses de mort (l’homme étant l’un des animaux les plus destructeurs sur la planète), je pense, a posteriori, qu’il est quand même important de vous les donner à voir .
Mais ne croyez pas que cela est dévolu seulement à la sécrétion d’hormones masculines …
Désolé de vous faire toucher du doigt sur la gâchette un monde qui ne correspond pas à l’idéal des sommets purifiant toutes les perversions humaines, mais il faut aussi savoir que sur la route vous allez rencontrer ce genre d’individus qui peuvent être particulièrement civils au premier abord .
Comme je ne souhaite pas quitter le Tadjikistan sur ces images mortifères, je vais terminer sur un petit récapitulatif que nous avons déjà vus sous d’autres angles, mais dont la beauté reste époustouflante :
Je vais terminer ce concert d’images sur une image qui vous paraîtra peut-être insignifiante mais qui prouve que la vie, sous toutes ses formes, s’accroche dans ces paysages de pierres sous des formes que nous ne comprenons pas encore très bien à ce jour :
Sur le prochain article, en brouillon actuellement, nous aborderons la Chine avec une province autonome Ouïghour ; et vous comprendrez que la différence s’affirme très nettement .
A plus tard au n°10 .
J.M. MARTIN pour Tricycles Rennais
Bonjour et merci de toutes ces précisions… Je regrette de ne pas avoir vu le pont d’Alishur ;( j’ai ajouté pas mal de photos sur Facebook. Je crois qu’il n’y a pas besoin d’être inscrit
Bien cordialement !
https://www.facebook.com/pages/Asiatrek-le-vaisseau-des-steppes/305691752778572
Salut Laurent,
Merci de te manifester de temps en temps, même si n’étant pas sur place, il me faut consulter un grand nombre de blogs et de témoignages pour arriver à produire des articles qui semblent pas mal intéresser au vu des statistiques journalières .
Tu te moques gentiment de ma phobie de « Face de bouc » et de « To hit her », mais cette consultation (celle de l’URL envoyée) est libre et sans cookies (petits gâteaux et « cadeaux » … bien connus de tous les internautes).
Pour ce qui en est du « célèbre » pont d’Alichur, j’aurais sans doute dû mettre des guillemets (aujourd’hui c’est fait) pour marquer un peu plus l’ironie ; je me suis peut-être un peut trop emporté sur ce coup là, à moins que ce soit le pont qui ait été emporté par la rivière Panj quand tu y es passé ? (j’ai oublié de mettre la date sous la photo mais cela ne devrait pas tarder à être réparé ; pour le pont … ????) .
En tout cas, merci d’avoir sacrifié un peu de ton temps de prises de contact avec les populations et l’engrammation d’images qui ne pourra plus se faire quand tu seras en Chine .
Une fois à Kashgar, à combien de temps estimes-tu la traversée d’Ouest en Est de la Chine ?
Au plaisir de te lire à nouveau,
Amitiés . J.M. MARTIN
Dernière publication sur : Rennes au XIII ème siècle
Merci pour ces explications quant aux pétroglyphes JM. Je ne nie en rien leur grande importance historique, mais j’avoue être davantage un voyageur contemplatif qui ne fait pas toujours l’effort de creuser ce qu’il voit et ce qu’il entend. Mais grâce à toi, me voici de retour dans le droit chemin
Et merci pour les références à mes articles
Bonjour,
Je suis un peu étonné de voir des photos prises dans la vallée du Bartang sans le non du photographe.
Merci de rectifier. il s’agit des 2 photos du pont aux chévres sur la route de Nisur et d’une vue sur Yapchuar
http://www.ericbroncard.com/fr/portfolio-17404-0-40-yapchuar-vallee-du-bartang.html
Bonne journée,
Eric Broncard